A noter que ces fameux Honky Tonks peuvent se trouver également dans tous les secteurs mal famés, sorties des grandes villes, quartiers louches et périphéries des usines.
Le terme Honky Tonk
Le vocable « Honky Tonk » est apparu en 1894 pour la première fois dans la vaste région recouvrant le Texas, la Louisiane et l’Oklahoma.
Dans le journal Daily Ardmoreite, on put lire alors que « des têtes de nœud, des célibataires et des citoyens en vue (s’étaient) rendus nombreux au honk-a-tonk la nuit dernière ». A la même époque, les Noirs désignaient parfois les bars de la Nouvelle-Orléans par le mot « tonks ». L’expression prendra la forme d’une chanson pour la première fois en 1916 : « Honky Tonky », un one-step déposé par Charles McCarron et Chris Smith. Ce titre fut enregistré à la fois par le Victor Military Band et par le Prince’s Band. D’autre morceaux de Tin Pan Alley et de brass band s’en suivirent.
Mais le grand tournant viendra à la fin des années 30 avec le célèbre morceau Country « Honky Tonk Blues » de Al Dexter :
Le point culminant sera dans les années 40 avec « Walking The Floor Over You » de Ernest Tubb (1941) qui en est la première illustration. Le genre deviendra populaire réellement à la fin des années 40 mais surtout dans les années 50 jusqu’au début du Nashville Sound.
Le Honky Tonk est une version resserrée du Western Swing, style des années 30 du Texas, musique country mélangée à des grands orchestres de Jazz, dont Bob Wills est l’un des principaux maîtres.
Le Honky Tonk, ne compte que 3 ou 4 musiciens : une guitare sèche ou électrique, un fiddle, une steel guitar et un parfois un piano !
Pour la guitare électrique, Ernest Tubb sera un des premiers à l’avoir utilisée dans son groupe, notamment sur la scène de l’Opry. Son fils Justin en explique la raison : « les Honky Tonk et les Dance Halls étaient populaires au Texas, et tu ne pouvais pas entendre la musique tant les gens faisaient du vacarme. Il fallait électrifier l’instrument ».
A l’époque, les blancs ruraux montaient vers les grandes villes du Nord (Chicago, Detroit…) travailler à l’usine loin de leur famille. Ils avaient le mal du pays. Ce contexte se ressentira directement dans les textes des chansons : divorce, déprime, adultère… Le cliché est un peu celui-ci : j’ai perdu ma maison et ma femme m’a quitté. C’est ce que l’on appellera la « Cheatin’ Song ». La voix également relate cet état d’esprit. On pourrait dire que la voix pleure dans le verre de bière ou de whisky, comme on veut.
Un des morceaux les plus représentatifs est « There Stands The Glass » de Webb Pierces en 1953, je vous mets la version de Jerry Lee Lewis, ma préférée. A écouter de préférence au bar après une rupture amoureuse :
Le Honky Tonk deviendra la colonne vertébrale de la Country, celle d’aujourd’hui également. Ce style restera populaire dans les années 50 mais sera éclipsé par l’arrivée du Rock n’ Roll. Il survira tout de même avec un Honky Tonk davantage influencé par le Rockabilly et des artistes comme Ray Price et George Jones.
Principaux artistes du genre à écouter : Hank Williams, Ernest Tubb, Ray Price, Lefty Frizzell, Hank Snow, Webb Pierce, Kitty Wells, Hank Thompson…
Hank Williams surnommé également « The Hillbilly Shakespeare » ou encore « Le Mozart de la Country » (selon moi !).
Peter Guralnick pose la question suivante « L’esprit de Hank Williams ne plane-t-il pas sur le territoire de la Country comme Elvis Presley domine encore le monde du Rock’n’Roll ? »
Cet artiste maudit est mort à l’âge de 29 ans, à l’arrière de sa Cadillac, sur le chemin d’un concert qu’il devait donner le jour de l’an. Une mort due à l’alcool et aux médicaments. Guralnick dit que c’était un personnage « déterminé, désespéré et aussi tourmenté que le bluesman maudit Robert Johnson. »
Une de ces influences les plus notoires est le Blues. Sa carrière fut courte : de 1947 à 1953. Il aurait écrit plus de 180 morceaux.
Son influence est immense sur la Country contemporaine, notamment par ses textes et ses harmonies vocales. Sur le Rock n’Roll également ! Son fils Hank Jr. estime que « Move It On Over » est probablement le premier morceau de Rock n’Roll.
Son influence ira bien au-delà de la Country music. Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Ray Charles, Norah Jones, Bob Dylan, Al Green ont repris ses plus grands morceaux : « Your Cheatin’ Heart », « I’m so Lonesome I could cry », « Cold, Cold Heart », « Jambalaya (On The Bayou) » …
Sources :
Que sais-je ? La Country-Music ; Gérard Herzhaft, Presse Universitaire de France, 1995
Guide de la Country Music et du Folk ; Gérard Herzhaft et Jacques Bremond, Fayard, 1991
Lost Highway, sur les routes du Rockabilly du Blues et de la Country Music ; Peter Guralnick, Rivage & Rouge, 2010
Country : les racines tordues du rock’n’ roll, Nick Tosches, Allia, 2000
https://www.youtube.com/watch?v=GB0q56x2fX8 ; Hank Williams Jr. « Old School, New Rules » track by track making of (condensed)
https://www.youtube.com/watch?v=JcnOaxCW6gQ ; Stories About Ernest Tubb
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_songs_written_by_Hank_Williams ; List of songs written by Hank Williams
Didier LECOMTE
8 juin 2017 à 18 h 16 minVous aimez le honky Tonk, celui de la fin des années 50 ?
Venez participer à la deuxième édition du Hillbilly Bop où l’un des maitre en la matière jouera pour la première fois en France.
Il s’appelle The Country Side of Harmonica Sam… Il a joué dernièrement au Grand Ole Opry de Nashville…
Toutes les infos : http://www.festival-hillbilly-bop.com