Le magazine Rolling Stones les classent à la 105ème place des meilleurs albums de tous les temps. Bien d’autres magazines sont tout aussi élogieux. Et les albums figurent bien sûr au célèbre Country Hall Of Fame.
Lors de leurs sorties, ces deux albums ont été couronnés de succès avec 4 singles dans le Top 10 pop, plusieurs autres dans le Top 30. Le très célèbre « I Can’t Stop Loving You » s’est vendu à 3 millions d’exemplaires.
Après 7 ans d’enregistrement chez Atlantic Records, label des légendes de la Soul telles qu’Aretha Franklin ou Otis Redding, Ray Charles signe en 1959 un contrat avec ABC-Paramount. Le label lui offre une clause de liberté artistique complète.
En 1962, il est déjà une mega-star R&B/Soul depuis près d’une décennie et a enregistré dans de nombreux genres y compris Jazz et Blues. Il a également à son actif deux albums R&B sur son nouveau label ABC. Et voilà que, se souvenant du bon temps où il a enregistré « I’m Movin’ On » de Hank Snow (country), il décide de se lancer dans un album… COUNTRY !
Sa maison de disques commence à paniquer. Sam Clarke, le président et les autres dirigeants d’ABC le mettent en garde : « Ceux qui aiment la Country ne veulent pas t’écouter la chanter et ceux qui aiment ta musique n’écoutent pas de Country. Tu risques de perdre tes fans de longue date. »
Ray Charles défend son idée : « Si je le fais, c’est que je pense que je vais gagner plus que je ne vais perdre ».
L’orchestre est tout aussi surpris. « Mais après que nous l’ayons entendu. » raconte Hank Crawford, son saxophoniste alto, nous avons dit « Oh ouais. Bien, hei, pas de soucis. Il fera ce qu’il voudra. »
Pour Ray Charles, « Le reste, c’est de l’histoire. Je n’avais jamais entendu ‘I Can’t Stop Loving You’ ni ‘Born to Lose’ auparavant. Le directeur artistique Sid Feller a bien dû m’envoyer à peu près 150 chansons, et j’ai choisi celles que je voulais enregistrer. »
Pourquoi un album Country ?
Ray Charles pour avoir grandi dans le sud des Etats-Unis à Greenville, en Floride (né en 1930 à Albany en Géorgie) est depuis tout jeune exposé à la Country music.
Chaque samedi soir, il écoute le Grand Ole Opry sur la radio WSM, le show radio qui a rendu la Country célèbre, une véritable institution de Nashville. En effet comme le dit, l’Outlaw Waylon Jennings « dans les campagnes et les petites villes tout le monde écoutait l’Opry ».
Il fait même parti d’un groupe de Country à Tampa, qui s’appelle les Florida Playbloys, il y joue du piano et apprend le Yodel.
Selon lui : « Country et Blues sont juste cousins. Ce sont des frères de sang ». Il aime ainsi les histoires simples que raconte la Country.
Il s’intéresse très jeune à tous styles de musiques : Blues, Jazz, Gospel et même Classique avec des influences telles que Chopin, Sibelius… Pour lui :
« Il y a que deux styles de musique : la bonne et la mauvaise ! »
Comment ne pas vous recommander fortement 2 volumes ? Ils furent ma première découverte de la Country music bien avant que j’en écoute régulièrement. J’étais fan de Soul music (que je suis toujours !), quand je me suis procuré cet album, ainsi que « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash.
Les 2 albums comprennent des morceaux très cuivrés comme « Bye Bye Love » (un morceau de Rockabilly enregistré par les Everly Brothers), « Hey Good Lookin » et des ballades avec des chords et des chœurs.
Ces 2 volumes reprennent des classiques allant de 1939 à 1960 et contiennent en grande partie du Honky Tonk (country traditionnelle) et du Nashville Sound, appelé également Countrypolitan.
Parmi les classiques du Honky Tonk, citons « Your Cheatin’ Heart » de Hank Williams, “I Love You So Much It Hurts” de Floyd Tillman ou encore ”Born to Lose” de Ted Daffan. Que des grandes figures du genre !
Dans le style Nashville Sound, on retrouve « You Don’t Know Me » de Eddy Arnold ou encore le fameux « I Can’t Stop Loving You » de Don Gibson.
Après ces deux albums, Ray Charles continuera d’enregistrer de la Country tout au long de sa carrière. On citera notamment le morceau “Seven Spanish Angels” (en duo avec Willie Nelson), l’album de duo « Friendship » ou encore l’émission CMT Crossroads avec Travis Tritt.
Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=uFwezLSuT4I ; Ray Charles – Modern Sounds in Country And Western Music ; Jazz Video Guy, Mise en ligne le 17 juin 2009.
Sweet Soul Music : Rhythm & Blues et rêve sudiste de liberté ; Peter Guralnick
Lost Highway, sur les routes du Rockabilly, du blues et de la Country music ; Peter Guralnick
Livret de l’album ; Ray Charles, ‘Modern Sounds in Country and Western Music’ Volume 1 et 2
http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/premiere/article/frise-chronologique-des-droits-civiques-aux-etats-unis ; Frise chronologique des droits civiques aux États-Unis ; France TV éducation
http://www.allmusic.com/album/modern-sounds-in-country-and-western-music-mw0000197935 ; “Ray Charles, Modern Sounds in Country and Western Music” ; Allmusic
http://www.cmt.com/news/1490588/nashville-skyline-ray-charles-should-be-in-country-music-hall-of-fame/ ; NASHVILLE SKYLINE: Ray Charles Should Be in Country Music Hall of Fame ; par chet flippo le 26 août 2004 ; CMT.COM
http://www.rollingstone.com/music/lists/500-greatest-albums-of-all-time-20120531/ray-charles-modern-sounds-in-country-and-western-music-20120524 ; 500 greatest albums of all time ; Rolling Stones Magazine